La bande son fantastique de Bardi Johannsson
Bardi Johannsson est un type fantasque. L'islandais s'est offert un petit plaisir avec un projet totalement farfelu : créer une bande son pour un film d'horreur scandinave de 1922. Insensé ? Peut-être... surtout lorsque la mention culte y a été apposée. Ce film n'est autre que Häxan (sorcière en français), censuré pendant des années pour son adoration au diable et sa nudité. Lors de la ressortie du phénomène en salle, Bardi Johannsson compose déjà une composition classique. Le rêve se prolonge et l'homme du froid livre une oeuvre magistrale, inquiétante par instant, magique tout le temps. Une oeuvre dont la portée restera sans doute mineure mais absolument géniale...
Entouré de l'orchestre symphonique bulgare, Bardi Johannsson a délivré quelques compositions classiques de haut rang, desquels les émotions fourmillent. L'auditeur est transporté dans un véritable monde aux abords de l'heroïc fantasy ou de l'horreur la plus brute, grinçant ou caressant, sombre ou éclairé, espoir et désespoir. Les oppositions se font et se défont, l'orage succède à un pâle soleil. Difficile de définir l'album en un seul mot, lui qui n'en contient aucun. Maniant les silences comme personne, Johannsson nous fait traverser en sept pistes éponymes un univers incroyablement délicat. La finesse des arrangements berne par tant de lucidité, la douceur minimaliste contraste avec la folie des grandeurs.
Making of de l'album HAXAN (en anglais)
Bardi Johannsson |
Ebahissement, voire bouchée bée, c'est l'impression après une seule piste de l'album. Le titre "HaxanI" dynamite l'album dès les premières secondes par sa pureté, piano puis crescendo, c'est une véritable tornade emportant tout sur son passage, les familles d'instruments se joignent progressivement pour atteindre une apogée dantesque, sublime. Les violons apportent une touche cruciale autour de la harpe, les cuivres et les percussions parachevant le travail par des incursions impromptues. Le tout baigne dans une légèreté planante, à tel point qu'on se laisse porter et imaginer le film. "HaxanII" n'en est que le prolongement, la harpe donnant une connotation cristalline, entre une ballade pas si paisible autour d'un lac et un air de défi façon Ennio Morricone. L'inquiétant troisième thème est bon à refiler la frousse, le quatrième pourrait être une course poursuite, une romance fragile au beau milieu d'un bal de chauve-souris sur "HaxanV" avant d'entamer l'affrontement final. Seule la dernière piste revient à la féérie des débuts comme un "happy end" tout relatif.
Forcément réussi par son côté imagé, Bardi Johannsson refile sept titres de bonheur intégral qui font vivre le film sans les images. Chef d'oeuvre, le mot n'est pas trop fort. Haxan est à ranger dans toute bonne discothèque ayant un tant soit peu de classe. Il ne reste plus qu'à découvrir le film pour se faire une idée globale de la vision de Johannsson.Voici une critique du film culte de Benjamin Christensen : HÄXAN !
Si voulez écouter la playlist de l'album HAXAN de Bardi Johannsson. Vous pouvez le faire sur le site Deezer ici !
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